Mage de bataille (tome 2), de Peter Flannery

Salutations, lecteur. Je t’avais parlé il y a quelques temps de la première partie de Mage de Bataille de Peter A. Flannery. Aujourd’hui, je vais te parler du second volume de ce roman.

Mage de Bataille (tome 2)

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Introduction

Avant de commencer, je tiens à préciser que cette chronique émane d’un service de presse des éditions Albin Michel Imaginaire, que je remercie chaleureusement pour leur envoi !

Peter A Flannery est un auteur britannique né en 1954. Il vit en Écosse et a écrit le roman Mage de Bataille, paru en 2017 en VO et en 2018-2019 en France aux éditions Albin Michel, dans la collection « Albin Michel Imaginaire » (ou AMI pour les intimes), dont il fait partie des titres de lancement, avec Anatèm de Neal Stephenson (avec qui il partage la particularité d’avoir été coupé en deux volumes) et American Elsewhere de Robert Jackson Bennett.

À titre informatif, cette collection est dirigée par Gilles Dumay, qui a été le directeur (et le fondateur) de la collection « Lunes d’encre » de Denoël de 1999 à 2017, et a donc permis au public français de découvrir des perles telles que Kane de Karl Edward Wagner ou La Tour de Babylone de Ted Chiang. En outre, Mage de bataille a été traduit par Patrice Louinet, qui est connu comme spécialiste de Robert E. Howard (l’auteur de Conan et de Solomon Kane pour ne citer qu’eux) et qui a retraduit l’intégralité de son œuvre.

Voici la quatrième de couverture de ce second tome de Mage de bataille :

« Falco Danté était un gringalet dans un monde en guerre. Pire, Falco était méprisé, mis à l’écart, à cause de son père qui fut un immense mage de bataille avant de sombrer dans une folie meurtrière. Mais à l’Académie de la guerre, Falco a bien changé : il est devenu plus puissant, il a gagné le respect de ses compagnons d’arme. Il ne lui reste plus qu’une épreuve pour devenir un mage de bataille à part entière : le rite d’Assay. S’il réussit, il aura le droit d’invoquer son dragon, son âme sœur dans la lutte contre les Possédés.

Dans le camp adverse, son ennemi juré, le démon Marchio Dolor progresse sans relâche vers la victoire. L’Humanité ne s’est jamais trouvée aussi proche de l’extinction totale.

Pour Falco et ses compagnons, l’heure de la bataille finale va bientôt sonner. »

Mon analyse va à nouveau évoquer le classicisme et l’efficacité dont fait preuve le roman, mais j’aborderai aussi brièvement ce qui lui permet de se démarquer. À noter que le fait que le roman soit classique ne pose absolument pas un problème, puisque classique n’est pas synonyme de mauvais, et que Mage de bataille est avant tout destiné à un public débutant en Fantasy, ou nostalgique des premières heures du genre. Sachez que je ne vous spoilerai rien, puisqu’il s’agit de la deuxième moitié du roman.

 

L’Analyse

 

Classique et efficace

 

Beaucoup l’ont dit et le rediront, moi inclus, Mage de bataille est un roman de Fantasy classique, c’est-à-dire de High Fantasy, qui est le sous-genre le plus archétypal du genre. Je me répète, ce n’est pas un jugement de valeur, et le fait que le roman soit de cette facture est totalement assumé par l’auteur et par ses éditeurs, en VO comme en VF. Ensuite, ce classicisme, même s’il peut lasser certains vétérans de la Fantasy (parmi lesquels je ne me compte pas), peut séduire de nouveaux lecteurs du genre. Mais d’ailleurs, qu’est-ce qui fait que le roman de Peter Flannery s’inscrit dans la forme dite classique de la Fantasy et où réside son efficacité ? Si le classicisme de Mage de bataille s’observait déjà dans la première partie du roman, il est également présent dans cette seconde partie.

En effet, on observe que l’auteur développe son personnage principal, Falco Danté, selon un schéma bien connu des lecteurs de Fantasy ou de mangas tels que Dragon Ball ou encore Naruto. Falco naît faible, puisqu’il est malade (il est atteint par la phtisie) et rejeté par la plupart des habitants de son village d’origine à cause de son héritage lourd (il est le fils d’Aquila Danté, un mage de bataille controversé), mais il devient de plus en plus fort grâce à son entraînement et aux défis qu’il doit affronter, à savoir l’armée des Possédés, menée par Marchio Dolor. Peter Flannery renforce son personnage à travers des épreuves ardues et risquées pour sa santé physique comme mentale, à l’image de son rite d’Assay pendant lequel il manque de mourir, mais aussi et surtout le fait qu’il doive absolument devenir un puissant mage de bataille pour protéger ses amis et remporter la guerre contre les Possédés et Marchio Dolor. Le fait que Falco devienne fort est donc un impératif pour la guerre, parce qu’il a un rôle important à y jouer en tant que « grande âme », en tant que serviteur du Bien qui doit détruire le Mal. Falco va donc endurer énormément d’épreuves et de souffrance pour finalement devenir un véritable mage de bataille capable de venir en aide à ses alliés. D’autres mages de bataille vont s’illustrer dans ce volume, à l’image d’Aurélian, de Nicolas ou encore de Nathalie, qui vont participer aux combats, et ce malgré leur âge pour les deux premiers.

Les antagonistes du récit, à savoir les Possédés et les Démons, sont donc présentés comme le Mal à abattre par les héros. Ici, le manichéisme de la High Fantasy fonctionne parce qu’il présente l’ennemi comme un Mal absolu et sans aucune nuance. Marchio Dolor, l’Assassin, les démons et les Possédés tuent vergogne et ont pour but d’anéantir l’humanité entière pour la plonger dans une éternité de souffrances, sans négociations ou reddition possible. Les antagonistes sont donc totalement déshumanisés, parce qu’ils ne ressentent pas (ou très peu) de sentiments, font preuve d’une violence parfois extrême et sont sadiques par nature, ce qui conforte le lecteur et les personnages du roman dans l’idée que le Mal qu’ils incarnent est absolu, et qu’il doit donc être vaincu sans aucune compromission possible. La déshumanisation des ennemis passe également par l’apparence monstrueuse des démons, de l’Assassin et de Marchio Dolor, mais également par l’aspect uniforme des Possédés, qui n’ont plus rien d’humain après la transformation qu’ils ont subie. Les armées d’Ire et les héros de Mage de bataille doivent donc affronter un ennemi qui incarne un Mal absolu et dont l’existence signifie la fin de l’humanité, on peut l’observer à travers les combats dans les Contrées Interdites et les récits de défaites.

L’efficacité du roman réside ainsi en grande partie dans les affrontements entre les personnages et cette armée du Mal. Les batailles entre les armées et les combats des mages de bataille contre les démons sont très réussis, selon moi. L’auteur emploie beaucoup de termes militaires (stratégie, manœuvres, mouvements des troupes) qui rompent quelque peu avec le classicisme et dépeint des batailles grandioses et spectaculaires, malgré leur côté impitoyable. En effet, les armées d’Ire doivent souvent faire face à des situations désespérées contre des ennemis qui n’ont pas peur et sont presque inarrêtables, et contre lesquels même les victoires peuvent coûter très cher en pertes humaines. Les conséquences de ces batailles sont donc souvent très dures et nous sont décrites dans des scènes porteuses de tragiques, tandis que d’autres sont tout simplement épiques et glorifient les personnages. Les batailles mettent l’accent sur l’héroïsme, la bravoure, le don de soi et la dévotion. Ces valeurs chevaleresques guident les personnages et font qu’ils se dépassent pour protéger l’humanité. Mage de bataille traite donc de la guerre dans son aspect mortel comme héroïque, mais il la présente comme nécessaire pour anéantir ou au moins résister à un Mal Absolu qui ne peut être vaincu autrement que par la force.

Le récit de Peter Flannery trouve également sa force dans ses personnages attachants qui se développent dans cette deuxième partie. Comme je l’ai déjà dit, Falco va devenir un véritable mage de bataille dans ce volume, tandis que ses compagnons vont devoir faire face à des tourments personnels au cours de la guerre contre les Possédés. Ces tourments vont les marquer et les transformer en héros capables de prendre des décisions pendant les batailles. Leurs actions sont également héroïques, et Malaki, Bryna, Alex et leurs amis vont souvent mettre leur vie en péril pour lutter contre leurs ennemis dans des scènes qui donnent une grande puissance aux personnages. Ici, les compagnons de Falco Danté ne sont pas des faire-valoir, mais d’autres héros, de la même trempe que lui. L’auteur développe aussi les relations entre ses personnages en mettant leur amitié et leur foi les uns en les autres à l’épreuve par les batailles et les dangers que constituent les Possédés. Les romances sont également bien construites et possèdent une grandeur tragique dont je ne vous donnerai pas les détails, mais sachez simplement que certaines séquences émotion sont très fortes.

 

Ainsi, même si l’intrigue ne surprendra pas forcément les lecteurs de Fantasy les plus aguerris, elle est savamment orchestrée par l’auteur, qui dépeints des moments intenses avec des personnages attachants. Certains éléments distinguent toutefois Mage de bataille d’autres romans de High Fantasy.

 

L’originalité du roman

 

Cette deuxième moitié du roman nous montre encore une fois que l’Humanité est loin d’être unie face aux Possédés, et il faut un concours de circonstances tragiques pour que tous les royaumes humains s’accordent pour affronter Marchio Dolor. Il est intéressant de noter que même face à un ennemi qui veut l’anéantir, l’Humanité est incapable de s’organiser et de s’unir, comme en témoignent les désaccords entre les royaumes, mais aussi les réunions stratégiques des armées dont font partie Falco et ses amis et durant lesquelles les prises de décisions sont souvent sujettes à débat.

Le récit dévoile également les lourds secrets des thaumaturges, ainsi que la manière dont ils ont menti à la population à propos des dragons pour asseoir leurs pouvoirs. La caste de mages va ainsi devoir affronter Mérédith Saker, qui est déterminé à faire éclater la vérité, quitte à mettre à bas leur position de détenteurs du pouvoir et de certains savoirs. C’est assez original en High Fantasy, genre dans lequel les mages sont bons ou mauvais et rarement traités de manière nuancée.

Et Encore une fois, le roman montre les dragons à la fois comme des créatures extrêmement puissantes et capables de faire de lourds dégâts à leurs ennemis, mais également comme des animaux, c’est-à-dire des créatures sensibles, capables de ressentir l’empathie, d’avoir une mémoire (qui est au passage bien plus poussée que celle des humains, parce qu’ils ont une mémoire de race). Certaines scènes entre les dragons et leurs mages de bataille sont touchantes et montrent que leurs relations se placent dans un rapport d’égalité de deux « grandes âmes », et non pas dans un rapport de domination maître-esclave. Peter Flannery dépeint ainsi le dragon comme une créature qui n’est pas toute-puissante, mais qui dispose de nombreuses capacités qui font de lui un atout de poids, et fait des dragons apparaissant dans le roman des personnages à part entière, qui s’expriment par la pensée.

 

Le mot de la fin

 

Si Mage de bataille est un roman classique, son intrigue reste très efficace, bien menée et divertissante, et il dispose de points qui lui donnent une certaine originalité. Je conseille donc ce roman aux personnes souhaitant se lancer en Fantasy, et aux nostalgiques des batailles épiques de valeureux héros prêts à affronter le Mal !

Vous pouvez également consulter les chroniques de Célindanaé, de Lutin, de l’Ours Inculte, de Xapur, de Dionysos, de Lhotseshar

9 commentaires sur “Mage de bataille (tome 2), de Peter Flannery

  1. Je me tâte toujours à lui laisser sa chance. Le côté classique me fait peur mais les chroniques lues à ce sujet (la tienne confirme) vantent quand même certaines qualités !
    Beau retour en tout cas 🙂

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