Lady Mechanika, Tome 4, de Joe Benitez

Salutations, lecteur. Aujourd’hui, je continue de te parler de Lady Mechanika, avec le quatrième volume.

Lady Mechanika, Tome 4 : « La Dama de la Muerte »

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Introduction

 

Joe Benitez est un dessinateur et un scénariste de comics américain d’origine mexicaine né en 1971. Avant de lancer sa propre structure éditoriale, Benitez Productions, il a travaillé pour la maison Top Cow d’Image Comics, notamment pour les séries Weapon Zero, The Darkness (pas le groupe de hard rock britannique, l’anti-héros tueur démoniaque), mais également pour DC Comics, avec le numéro 11 de Supergirl et le numéro 823 de Detective Comics.

Avant de créer Lady Mechanika, il a créé Wraithborn (dont je vous parlerai sans doute bientôt) avec Marcia Chen.

Mais venons-en à l’œuvre qui nous intéresse aujourd’hui.

Lady Mechanika est une série de comics débutée en 2010 et toujours en cours actuellement. Selon les dires de l’auteur, chaque arc narratif peut-être lu indépendamment des autres, mais ceux qui lisent les volumes dans l’ordre (ou qui lisent tous les volumes) seront plus à même de comprendre l’univers de la BD et de s’y immerger. Au moment où j’écris ces lignes, Glénat Comics a traduit et publié le comics en 5 volumes, qui reprennent par ordre chronologique les arcs publiés en V.O. .

Ce quatrième volume regroupe deux histoires qui ne constituent pas des arcs narratifs en elles-mêmes, mais sont intégrées à la chronologie de la série, et se déroulent après l’arc de la tablette du troisième tome. Elles s’intitulent « Les Garçons perdus de West Abbey » et « La Dama de la Muerte ».

Voici la quatrième de couverture de ce comics :

« Dans Les Garçons perdus de West Abbey, Lady Mechanika enquête sur la mort d’enfants « indésirables » à Mechanika City. Une affaire qui lui provoque de douloureuses visions. S’agit-il de souvenirs qui refont surface après tant d’années, ou de simples cauchemars ?

Dans La Dama de la Muerte, Lady Mechanika part en voyage dans un petit village au Mexique au moment de la fête des morts. Mais les festivités deviennent littéralement mortelles lorsque survient un mythique démons des cavaliers de l’Apocalypse ! »

Ma chronique évoquera les deux récits, en croisant leurs thématiques.

L’Analyse

 

Je vais commencer par évoquer les desseins des deux histoires, qui sont toujours aussi superbes et qui reprennent à merveille des codes culturels pour les adapter au comics de Lady Mechanika.

Ainsi, Joe Benitez explore les rituels kabbalistiques et la création de golems en leur conférant la touche occulte et steampunk de sa BD dans « Les Garçons perdus », et aborde les fêtes et coutumes mexicaines qu’il connaît bien, étant originaire de ce pays, dans l’ambiance fantastique de la fête des morts du Mexique et du folklore des Aztèques, pour donner des costumes toujours aussi beaux (et j’insiste sur l’aspect beau sans trop d’hypersexualisation) à Lady Mechanika.

Le dessin est toujours aussi détaillé et retransmet parfaitement l’ambiance steampunk mâtiné d’occulte bien particulière du comics.

Les deux histoires relatées dans ce quatrième volume sont liées au passé de Lady Mechanika. En effet, « Les Garçons perdus de West Abbey », à travers les expériences occultes et mécaniques subies par des enfants, évoque le mystère des origines du personnage, qui cauchemarde et s’interroge sur la manière dont elle est née, sur la manière dont elle a obtenu des bras et des jambes mécaniques. Cette histoire ne donnera évidemment pas de réponse réelle et claire quant aux origines du personnage de Joe Benitez, mais permettra aux lecteurs d’échafauder toujours plus de théories sur elle, tout en confirmant que sa création est définitivement liée à une combinaison de mécanique et d’occulte. À noter que les cauchemars de Lady Mechanika sont absolument horribles et nous montrent que son passé et les expériences qui ont fait d’elle ce qu’elle est sont au moins aussi atroces que celles que Wolverine a subies.

« La Dama de la Muerte », quant à elle, nous dévoile le passé émotionnel de Lady Mechanika à travers sa relation avec un amant mort et la question du deuil qu’elle doit faire.

Les deux aventures ont également la mort pour thématique, puisque la première évoque le thème de l’immortalité à travers la combinaison de la mécanique et des rituels kabbalistiques de création de golems (pour rappel, la Kabbale est une tradition ésotérique juive qui donne des interprétations mystiques du texte biblique), tandis que la deuxième met en scène la fête des morts mexicaine et confronte la manières de faire le deuil ou d’évoquer les personnes disparues du Mexique aux traditions européennes, l’une étant marquée par un aspect festif et décomplexé, tandis que les autres sont marquées par une certaine tristesse et de l’austérité.

« Les Garçons perdus de West Abbey » interroge également le progrès scientifique et la société. En effet, le fait que des enlèvements et des meurtres d’enfants soient commis au nom d’une forme de progrès scientifique (l’acquisition de l’immortalité) pose des questions éthiques et morales : Peut-on s’autoriser à expérimenter sur des êtres humains pour faire avancer la science ? Les thématiques sociales, elles, reposent sur le fait que les enfants enlevés soient issus de quartiers pauvres ou de laissés pour compte de la société, et que la police de Mechanika City ne fasse rien pour enquêter sur leur disparition. Joe Benitez montre alors que la justice peut avoir deux vitesses, même alors que le progrès scientifique se démocratise et qu’il ouvre beaucoup de possibilités sociales. Cette histoire introduit également un nouveau personnage, l’inspecteur Singh, un policier orphelin issu des quartiers défavorisés, qui va collaborer avec Lady Mechanika pour retrouver les enfants perdus. C’est un personnage intéressant, qui risque de prendre de l’importance dans les prochains arcs. Son character design le rend également très classe !

« La Dama de la Muerte », quant à elle, traite des différences culturelles, mais également du racisme, et plus particulièrement des relations (de plus en plus?) tendues entre le Mexique et les États-Unis, en montrant au lecteur une violence raciste inouïe, que les auteurs parviennent à retranscrire à travers le gore propre à la série.

Le mot de la fin

 

Le quatrième volume de Lady Mechanika propose deux nouvelles aventures de l’héroïne éponyme, qui abordent des thématiques intéressantes, tout en explorant le passé d’un personnage toujours aussi badass !

3 commentaires sur “Lady Mechanika, Tome 4, de Joe Benitez

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