Poumon Vert, de Ian R. MacLeod

Salutations, lecteur. Aujourd’hui, je vais te parler d’une novella d’un auteur très (trop) peu traduit en français.

 

Poumon vert, de Ian R. Macleod

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Introduction

 

Ian R. Macleod est un auteur britannique de science-fiction et de fantasy né en 1956. Certains de ses romans, comme L’âge des lumières (2003 en VO, 2007 en VF) semblent s’ancrer dans l’uchronie, le steampunk et la fantasy, tandis que Les îles du soleil (1998 en VO, 2005 en France) relève de l’uchronie.

La novella dont je vais vous parler aujourd’hui, Poumon Vert, titré Breathmoss en VO est à l’origine parue en 2002 et a été traduite en français par Michelle Charrier, qui a récemment traduit La Terre Fracturée de N. K. Jemisin, pour les éditions du Bélial’. Poumon Vert est donc paru en 2017 dans la collection Une Heure Lumière de l’éditeur. Pour rappel, cette collection a pour but de promouvoir le format de la novella en France, avec des textes d’auteurs de SFF étrangers comme français, à l’instar de Nancy Kress, Greg Egan, Ken Liu ou Christian Léourier par exemple.

Voici la quatrième de couverture de Poumon Vert :

« Lors de sa douzième année standard, pendant la saison des Pluies Douces habarienne, Jalila quitte les hautes plaines de Tabuthal. Un voyage sans retour — le premier. Elle et ses trois mères s’installent à Al Janb, une ville côtière bien différente des terres hautes qui ont vu grandir la jeune fille. Jalila doute du bien-fondé de son déménagement. Ici, tout est étrange. Il y a d’abord ces vaisseaux, qui percent le ciel tels des missiles. Et puis ces créatures d’outre-monde inquiétantes, qu’on rencontre parfois dans les rues bondées. Et enfin, surtout, la plus étrange des choses étranges, cet homme croisé par le plus pur des hasards — oui, un… mâle. Une révélation qui ne signifie qu’une chose : Jalila va devoir grandir, et vite ; jusqu’à percer à jour le plus extraordinaire secret des Dix Mille et Un Mondes… »

Mon analyse traitera d’abord de l’ambiance orientale et la société féminine du roman, puis je m’intéresserai au fait que la novella prenne la forme d’un récit d’initiation.

 

L’Analyse

 

Inspiration orientale et société féminine

 

Le monde dans lequel se déroule le récit, Habara, possède une culture clairement inspirée des pays orientaux et des Milles et une nuits, auxquelles l’auteur fait des références très explicites, à travers la mention directe de Shéhérazade et Dinarzade, ainsi qu’en intégrant Habara dans une structure qui compte « Dix Mille et Un Mondes ». Les cultures orientales apparaissent également dans le vocabulaire propre à Habara, avec des termes tels que « haremlek », « moulid », « tariqa »… La culture d’Habara apparaît donc comme orientale. Elle est également intégrée à un univers bien plus vaste, avec des milliers d’autres mondes reliés par des « Portails » et des vaisseaux spatiaux, qui ne passent qu’en certaines occasions par Habara. Le monde peut alors apparaître comme une sorte de prison, de carcan pour certains des personnages qui y vivent et qui rêvent de voyager et d’explorer l’espace, à l’instar de Jalila (j’y reviendrai).

L’une des autres grandes particularités de la société décrite par Ian R. Macleod dans Poumon Vert est qu’elle est exclusivement féminine ou presque, parce que les hommes ont presque totalement disparu. Cela s’observe dans la grammaire et les expressions communes du langage, où le féminin devient dominant au point que le pronom « il » est considéré comme « antique », les adjectifs sont systématiquement accordés au féminin, et « l’humanité » est devenue « la féminité ». Dans cette société majoritairement féminine, les rares hommes présents apparaissent comme des sources d’étrangeté et de violence latente, et sont donc relégués aux marges de la société. Ian R. Macleod dépeint également, en l’absence presque totale d’hommes, une société au sein de laquelle l’hétérosexualité n’existe plus de facto, et dans laquelle elle est à peine tolérée, comme une sorte de « phase » de la jeunesse, ce qui peut rappeler les propos que certains parents homophobes de notre réalité peuvent avoir pour leurs enfants, ce qu’on peut voir comme un très bon moyen de les tacler. En décrivant cette société exclusivement féminine et en montrant son fonctionnement, tant dans les mœurs que dans la manière d’enfanter, qui se fait de manière artificielle en mélangeant les gênes de deux (ou plus) mères pour les intégrer dans un utérus, l’auteur décrit une société autre, qui se passe des éléments masculins.

 

Récit d’initiation

 

Poumon Vert nous fait suivre le personnage de Jalila, fraîchement arrivée dans la ville d’Al Janb avec ses trois mères, Lya, Ananke et Pavo. Jalila découvre une ville pour la première fois de sa vie, puisqu’elle vivait auparavant dans un endroit reculé, les plaines de « Tabuthal », et va donc se confronter à la ville pour y évoluer et plus ou moins s’y intégrer ?

Le récit nous montre donc l’évolution de Jalila, avec ses découvertes du sentiment amoureux, de la sexualité et des rapports sociaux à travers ses rencontres et discussions avec les autres personnages, à commencer par ses trois mères, mais aussi Kalal, un jeune homme du même âge qu’elle, Nayra, une jeune fille, ou encore la mystérieuse tariqa, qui a effectué des voyages dans l’espace et qui va faire comprendre à Jalila que son monde n’est qu’une planète parmi une infinité d’autres mondes, auxquels il est possible d’accéder. Le personnage évolue donc sur le plan sentimental grâce à ses rencontres et le développement de ses relations, mais également par des événements marquants tels que les premières relations sexuelles, la mort, ou le deuil, mais également sur le plan intellectuel avec la confrontation avec l’altérité, radicale avec Kalal, ou sociale avec Nayra par exemple, et la découverte qu’elle fait de l’espace et des moyens de l’explorer et de voyager entre les mondes. Toutes ces découvertes font grandir Jalila, ce qu’on observe à travers l’évolution de sa psychologie que l’auteur détaille, ce qui amène le personnage à devenir adulte et à prendre des décisions qui la construisent et la font sortir des carcans sociétaux dans lesquels elle a grandi et de l’influence parentale.

 

Le mot de la fin

 

Avec Poumon Vert, Ian R. Macleod dépeint une société de culture orientale exclusivement féminine et en montre le fonctionnement, tout en montrant la construction et l’évolution d’une jeune femme, Jalila, qui passe de l’adolescence à l’âge adulte au gré de ses rencontres et de ses découvertes, intellectuelles comme sentimentales. J’ai découvert la plume de cet auteur avec cette novella, et je compte bien poursuivre l’expérience !

Vous pouvez également consulter les chroniques d’Apophis, Le Chien critique, L’Ours inculte, FeydRautha, Vert, BlackWolf, Lorkhan, Célindanaé, Boudicca, Audrey Pleynet, Baroona, Anouchka, Nebal

19 commentaires sur “Poumon Vert, de Ian R. MacLeod

      1. Je n’ai pas réussi à rentrer dans le récit. Il est possible aussi que j’étais fatiguée à ce moment. Du coup, je n’ai rien compris à l’histoire. J’ai lu d’autres articles de blog pour éclairer ma lanterne. Bref, ce n’était pas un bon moment de lecture.

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