Salutations, lecteur. Aujourd’hui, une fois n’est pas coutume, je vais te parler de poésie.
Mon jardin sur Ganymède, d’Anthoine Delahaye

Introduction
Avant de commencer, j’aimerais préciser que cette chronique émane d’un service de presse de la part d’Anthoine Delahaye, que je remercie chaleureusement pour l’envoi de son recueil !
Anthoine Delahaye est un auteur français. Il tient le blog Un regard sur la route.
Mon jardin sur Ganymède, paru en 2022, est son premier recueil de poèmes de science-fiction.
Dans la présente et rapide chronique, je vous donnerai une idée de leur force d’évocation.
L’Analyse
Haïku et science-fiction, étonnant mélange
Vous l’aurez compris, Mon jardin sur Ganymède est non pas un manuel de botanique spatiale (hé non), mais un recueil d’une centaine de haïkus de science-fiction, accompagnés par des illustrations de Léo Weiss.
Commençons par définir le haïku. Le haïku est une forme poétique originaire du Japon, et dont la paternité est attribuée au poète Bashô Matsuo au XVIIème siècle. Il est caractérisé par son extrême brièveté, puisqu’il tient en dix-sept syllabes (ou mores) réparties en trois vers courts, le premier et le dernier de cinq syllabes et le deuxième de sept. De par leur brièveté, les haïkus doivent pouvoir être lus en une respiration et tenir dans une seule phrase.
Son caractère extrêmement bref lui permet de donner à voir un instantané, celui de sentiments ou d’un paysage naturel, par exemple, mais aussi de jouer sur l’inattendu en proposant des rapprochements surprenants pour le lecteur. Cet effet de surprise peut amener à la réflexion pour en comprendre pleinement le sens, qui peut parfois s’avérer subtil.
Mon jardin sur Ganymède propose des haïkus de science-fiction, ce qui signifie qu’ils évoquent et suscitent des images plus ou moins familières aux connaisseurs du genre, qui sont a priori davantage habitués aux formes narratives en prose, mais qui sont tout à fait capables d’identifier des novum, c’est-à-dire les éléments typiques de la SF, au sein d’un texte en vers.
C’est ce que je vais vous montrer à travers trois haïkus du recueil qui m’ont particulièrement plu.
un monstre cligne –
son œil a l’envergure
d’une planète
Toute la force d’évocation de ce poème se situe dans sa chute, au troisième vers, qui constitue une hyperbole transcrite en un nombre minimal de mots pour figurer une taille maximale de monstre, à travers une (pas si) petite partie de son corps. Par métonymie, Anthoine Delahaye figure une créature cosmique titanesque.
une comète
traverse l’espace –
ton regard
Ce poème-ci rapproche par métaphore le regard d’un supposé être aimé et une comète qui traverse l’espace. Là encore, on remarque un effet de chute dans le dernier vers qui confère tout son sens au haïku.
greffe réussie –
sur mon bras
une pousse de hêtre
Ce haïku met en scène une forme de transhumanisme végétal, qui s’illustre là encore dans une chute, et qui donne à voir une forme d’hybridation entre l’être humain et le hêtre. Cela m’a rappelé une scène de La Fin des étiages de Gauthier Guillemin, où un personnage se fait greffer une prothèse végétale pour remplacer la main qu’il a perdu. Cependant, le cadre est ici davantage science-fictif que merveilleux.
Certains des poèmes s’avèrent expérimentaux dans la manière dont ils jouent avec la typographie. Je vous laisse les découvrir !


Le mot de la fin
Mon jardin sur Ganymède est un recueil de haïkus de science-fiction d’Anthoine Delahaye dotés d’un pouvoir évocateur fort. Si vous souhaitez découvrir la poésie de SF, je vous recommande sa lecture !
Bonjour,
Merci beaucoup pour cette chronique et cette découverte !
J’aimeAimé par 1 personne
Ravi d’avoir pu faire découvrir ce recueil 🙂 .
J’aimeJ’aime