Terre Errante, de Liu Cixin

Salutations, lecteur. Aujourd’hui, je vais te parler d’une nouvelle d’un auteur de SF que je viens de découvrir.

Terre Errante, de Liu Cixin

9782330130534

Introduction

Liu Cixin est un auteur de science-fiction chinois né en 1963. Il travaille comme ingénieur en informatique dans une centrale électrique. Ses récits sont extrêmement populaires en Chine et ont remporté plusieurs prix, tels que le Galaxie et le Xingyun, qui peut être traduit par nébuleuse. Son roman Le Problème à trois corps, a reçu en 2015 le prix Hugo aux États-Unis et a été traduit par Ken Liu (dont je vais souvent vous parler dans un avenir pas si lointain). Liu Cixin est ainsi le premier auteur chinois à avoir reçu le Hugo. En France, l’oeuvre de l’auteur est traduite par Gwennaël Gaffric pour les éditions Actes Sud.

Terre Errante est une nouvelle originellement publiée en 2000. Elle est parue en VF en Janvier 2020. Le récit a également été adapté au cinéma en 2019 par Frant Gwo.

Voici la quatrième de couverture de la nouvelle :

« “Je n’avais jamais vu la nuit. Je n’avais jamais vu les étoiles. Je n’avais jamais vu le printemps, ni l’automne, ni l’hiver. Je suis né à la fin de l’Ère du freinage. La Terre venait tout juste d’arrêter de tourner.”

Lorsque les astrophysiciens découvrent que la conversion de l’hydrogène en hélium s’est accélérée à l’intérieur du Soleil, ils comprennent que notre étoile est sur le point de se transformer en une géante rouge qui absorbera de manière inéluctable la Terre. Pour contrer cette extinction programmée de l’humanité, les nations se regroupent pour mettre en branle un projet d’une ambition folle : élaborer des moteurs gigantesques afin de transformer la planète bleue en véritable vaisseau spatial et de l’emmener à la recherche d’une nouvelle étoile… »

Dans mon analyse du récit, je m’intéresserai aux aspects cosmiciste et intimiste déployés par l’auteur.

L’Analyse

Planète vagabonde et cosmicisme

Liu Cixin décrit un futur catastrophique pour l’Humanité, puisque la Terre va être vaporisée lors de la transformation du soleil en géante rouge, à cause des flashs de l’hélium qui vont l’atteindre et la détruire, de même que la plupart des autres planètes du système solaire.

Pour contrer cette menace radicale, l’auteur imagine alors une solution tout aussi radicale, imaginée par l’espèce humaine pour survivre à la mort du Soleil et sauver sa planète, qui est de créer de gigantesques réacteurs destinés à arrêter la rotation de la Terre, pour ensuite la transformer en vaisseau spatial planétaire qui la propulseront jusqu’à Proxima du Centaure, qu’elle atteindra… 2500 ans après son départ (oui oui). Ces propulseurs stellaires sont gigantesques et consomment énormément de ressources naturelles, ce qui témoigne de l’impact de l’Humanité sur son environnement naturel, même lorsqu’elle agit pour littéralement sauver sa planète et qu’elle s’unit pour le faire, en formant un gouvernement mondial.

Liu Cixin décrit également les conséquences de l’utilisation de ces réacteurs. En effet, la Terre se trouve ravagée par les changements climatiques énormes qu’impliquent les changements d’orbite qu’elle effectue pour quitter le système solaire, avec des séismes et des tsunamis cataclysmiques, qui forcent l’espèce humaine à vivre dans des cités souterraine, parce que la vie à la surface de la planète devient progressivement impossible. L’auteur décrit ainsi les bouleversements environnement qui touchent la Terre, à l’image du gel de la totalité de la surface de l’Océan Pacifique, ce qui témoigne, avec les destructions de la faune, de la flore, et de l’espace urbain, du coût de la survie de l’Humanité.

Terre Errante décrit un voyage qui prend des proportions doublement cosmiques, à la fois de manière littérale parce que la Terre… voyage dans l’espace, mais aussi en raison du fait que l’être humain se trouve complètement dépassé face aux catastrophes stellaires, à savoir la transformation du soleil en géante rouge contre laquelle elle ne peut que fuir, mais aussi en raison de la longueur du voyage, qui écrase complètement l’Humanité qui l’a préparé, puisqu’elle ne verra pas Proxima du Centaure.

Cet écrasement de l’Homme est également rendu matériel par les peurs que le voyage et le devenir du soleil engendrent dans la psychologie de la population, atteinte d’héliophobie, dans la suppression de la plupart des sentiments pour se concentrer sur l’espoir et la survie, au point que l’amour filial ou marital disparaît et n’est presque jamais montré, mais aussi dans l’impression d’écrasement ressentie par l’Homme lorsqu’il se confronté au gigantisme de certaines structures cosmiques. C’est ce que montre Liu Cixin lorsque la Terre et l’Humanité croise l’orbite de Jupiter, qui devient parfaitement visible dans le ciel et apparaît dans toute son écrasante immensité, puisque sa taille est trois cent fois supérieure à celle de la Terre. Le voyage interstellaire de sa planète fait donc comprendre à l’Humanité son insignifiance au regard de l’immensité de l’espace, ce que ne renierait pas un certain H. P. L. .

La nouvelle nous fait suivre un narrateur anonyme, dont le récit nous est transmis à la première personne et au passé. Le fait que l’auteur ne donne pas de nom à son personnage peut être perçu comme une volonté de le montrer comme un être humain lambda, et non comme un sauveur de l’Humanité pour ainsi témoigner de l’aspect malheureusement ordinaire de son destin face aux catastrophes qui guettent la Terre. Liu Cixin nous montre alors, à travers le regard et la vie plus ou moins ordinaire de ce personnage, comment la vie sur Terre bascule radicalement, à mesure qu’elle entame et poursuit son voyage, qui induit des bouleversement sociaux, tels que la limitation des naissances et la volonté de sauver les individus les plus jeunes lorsque des catastrophes se déclarent. À travers le point de vue du narrateur, Liu Cixin décrit donc une vie ordinaire entachée par les catastrophes de son époque, mais aussi des moments poétiques, qui montrent l’errance de son personnage et de la planète sur laquelle il vit.

Le mot de la fin

Avec Terre Errante, Liu Cixin décrit la tentative de l’Humanité de sauver sa planète, menacée de destruction par la transformation du soleil en géante rouge et de ses flashs d’hélium qui risquent de vaporiser la Terre. Les Hommes conçoivent alors des gigantesques propulseurs pour stopper la rotation de leur planète, pour ensuite lui faire quitter le système solaire, afin de rejoindre Proxima du Centaure.

Au-delà de l’aspect vertigineux et complètement impossible scientifiquement de cette manœuvre, l’auteur explore la manière dont la survie de l’Humanité peut détruire son environnement. Liu Cixin ajoute également une perspective cosmiciste à son récit, en montrant l’insignifiance de l’Humanité face aux événements stellaires contre lesquels elle se trouve souvent impuissante.

J’ai découvert la plume de l’auteur grâce à cette nouvelle, et je compte bien poursuivre l’expérience !

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11 commentaires sur “Terre Errante, de Liu Cixin

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