Lady Mechanika, tome 3 (Les Tablettes du destin), de Joe Benitez

Je t’ai déjà parlé de Lady Mechanika, lecteur. Aujourd’hui, je poursuis ma présentation de cette formidable série steampunk avec le tome 3 et le deuxième arc narratif de cette série.

Lady Mechanika, tome 3 (« Les tablettes du destin »), de Joe Benitez

9782344020852-L

Introduction

 

Avant de commencer, j’aimerais signaler que cette introduction sera sensiblement la même que celle que j’avais rédigée pour le tome précédent, puisqu’il s’agit du même auteur et de la même série. Ensuite, sachez que vous pouvez lire cette chronique sans avoir lu les tomes précédents (même si je pense que c’est mieux), puisque chaque arc de la série est conçu pour fonctionner de manière plutôt autonome.

Joe Benitez est un dessinateur et un scénariste de comics américain d’origine mexicaine né en 1971. Avant de lancer sa propre structure éditoriale, Benitez Productions, il a travaillé pour la maison Top Cow d’Image Comics, notamment pour les séries Weapon Zero, The Darkness (pas le groupe de hard rock britannique, l’anti-héros tueur démoniaque), mais également pour DC Comics, avec le numéro 11 de Supergirl et le numéro 823 de Detective Comics.

Avant de créer Lady Mechanika, il a créé Wraithborn (dont je vous parlerai sans doute bientôt) avec Marcia Chen.

Mais venons-en à l’œuvre qui nous intéresse aujourd’hui.

Lady Mechanika est une série de comics débutée en 2010 et toujours en cours actuellement. Selon les dires de l’auteur, chaque arc narratif peut-être lu indépendamment des autres, mais ceux qui lisent les volumes dans l’ordre (ou qui lisent tous les volumes) seront plus à même de comprendre l’univers de la BD et de s’y immerger. Au moment où j’écris ces lignes, Glénat Comics a traduit et publié le comics en 5 volumes, qui reprennent par ordre chronologique les arcs publiés en V.O. .

Le troisième volume publié par Glénat correspond au deuxième arc narratif de la série, « Les Tablettes du destin », ou « The tablet of destinies » en V.O, qui fait directement suite à l’arc précédent, « Le Mystère du corps mécanique ».

Voici la quatrième de couverture de la BD :

« Lady Mechanika reçoit la visite d’une amie d’enfance qui a une mission pour elle : retrouver les Tablettes de la Destinée, un artefact sumérien censé détenir le savoir des dieux et les secrets de l’univers… rien que ça ! Il n’en faut pas moins pour éveiller la curiosité et le goût de l’aventure de notre belle héroïne, qui va sans plus tarder partir dans une quête survoltée aux quatre coins du monde à la recherche de cette précieuse et mystérieuse relique…

Action, délires steampunk et maestria graphique sont toujours au rendez-vous de cette toute nouvelle aventure de Lady Mechanika, qui s’improvise cette fois cousine victorienne d’Indiana Jones ! »

Dans cet arc, on va donc suivre la Lady dans une aventure qui va la confronter à des sociétés secrètes et des complots pour récupérer les fameuses Tablettes de la Destinée. Elle devra aussi protéger la petite Winfred (la nièce de Lewis, l’acolyte de l’héroïne), dont le grand-père archéologue cherche les Tablettes…

Mon analyse évoquera le graphisme de la BD, puis je m’intéresserai aux thématiques développées par cet arc.

L’Analyse

Un dessin toujours aussi soigné, toujours aussi steampunk

 

Le graphisme développé par Joe Benitez et son équipe est toujours aussi frappant. L’aspect rétrofuturiste steampunk de Lady Mechanika est encore une fois très présent à travers les costumes des personnages (goggles, hauts de forme), les inventions farfelues, et surtout, les magnifiques dirigeables et bateaux du désert empruntés par Mechanika et ses compagnons.

Les characters design des personnages sont également détaillés (comme le reste des dessins), ce qui permet de cerner leur originalité, mais également de faire ressortir leurs expressions faciales. Les paysages naturels africains sont également parfaitement retranscrits par le coup de crayon de Joe Benitez et de son équipe, qui se révèlent aussi doués pour le dessin de structures urbaines extravagantes que pour les paysages forestiers ou désertiques.

À noter également qu’encore une fois, les personnages féminins, que ce soit Mechanika ou les guerrières africaines de la tribu des « Spectres du désert » sont beaux sans être fortement sexualisés, ce qui est une bonne chose, à mon sens.

Thématiques

 

Ce deuxième arc de Lady Mechanika nous donne à voir deux éléments caractéristiques du 19ème siècle mais que l’on a tendance à oublier, avec d’une part l’essor de l’archéologie, avec le grand-père de la petite Winfred qui cherche les Tablettes de la destinée et que l’on observe dans ses fouilles en compagnie de son assistant (il faut savoir que l’archéologie se développe particulièrement à cette époque et au début du 20ème siècle), et d’autre part, les sociétés secrètes (le 19ème est l’un des moments où elles sont le plus en vogue, notamment celles qui portent sur les sciences), puisque Lady Mechanika va être confrontée au mystérieux ordre de la Rose-Croix, une société secrète qui a véritablement existé. Cette mise en scène de l’archéologie et des sociétés secrètes permet d’observer leur fonctionnement à travers l’univers de Joe Benitez.

La présence de sociétés secrètes et d’archéologie justifie également le fait que la BD aborde les thèmes de l’histoire secrète et les théories du complot (je ne peux rien vous dire sans vous spoiler!), à l’époque même où ce genres de théories prennent leur source, puisque les complots dont parlent « Les Tablettes du destin » prennent précisément leurs sources au 19ème siècle.

Les fameuses « Tablettes du destin », ainsi que le fait que les antagonistes de cet arc cherchent à s’en emparer permettent quant à elles d’aborder et de questionner le pouvoir de la science. Doit-elle se trouver au service d’un pouvoir ? Toute découverte peut-elle être considérée comme bénéfique ? L’aspect intéressant apporté par la BD de Joe Benitez est que ces questions sont abordées (dans cet arc en tout cas) non pas à l’aune de progrès futurs, mais d’une science passée, celle des Sumériens.

La science (mais également son ambition) est également confrontée à l’archéologie et à l’Histoire, puisque Lady Mechanika interroge la préservation des ruines qui abritent les « Tablettes du destin », puisque les antagonistes qui cherchent à les récupérer sont prêts à détruire des ruines inestimables pour les obtenir.

Enfin, la BD de Joe Benitez aborde les questions de sexisme dans la société, puisque Lady Mechanika critique ouvertement le supposé élitisme de la Rose-Croix qui n’accepte en son sein que des hommes, tandis que la tribu africaine des « Spectres du Désert », dont les membres sont des guerrières libératrices d’esclaves, ne sauve pas les hommes des esclavagistes. À noter également que la reine de cette tribu qualifie Mechanika de « démon », en raison de ses yeux rouges et noirs. En sachant que l’occulte et la magie sont bel et bien présents dans le comics, est-ce que cela constitue un indice sur la véritable identité du personnage ?

Le mot de la fin

 

Ce troisième volume de Lady Mechanika est très intéressant, puisqu’il aborde à la manière du steampunk des thématiques et des questionnements contemporains dans un univers uchronique, toujours aussi bien dessiné, avec une intrigue haletante et un personnage principal toujours aussi fascinant !

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