Interview de Fran Basil

Salutations, lecteur. Aujourd’hui, j’ai le plaisir de te proposer une interview de Fran Basil, autrice d’Alba de Jais, l’anonymographe, présente dans l’anthologie Féro(ce)cités de Projets Sillex, et de bien d’autres œuvres encore.

Je vous rappelle que vous pouvez retrouver toutes les autres interviews grâce au tag dédié et dans le menu du blog.

Je remercie chaleureusement Fran Basil pour ses réponses détaillées, et sur ce, je lui laisse la parole !

Interview de Fran Basil


Marc : Peux-tu te présenter pour les lecteurs qui ne te connaîtraient pas ?

Fran Basil : Fran Basil, autrice, j’affectionne les histoires compliquées et/ou complexes, je commence à avoir une réputation de pyromane et de faiseuse de memes, j’aime le thé, les néologismes, les étymologies rigolotes et les mot-valise nuls ainsi que le sarcasme et, enfin, je suis primo publiée chez Projets Sillex avec une nouvelle, « Alba de Jais, L’anonymographe » dans le recueil Féro(ce)cités !


Marc : As-tu toujours voulu devenir autrice ? Qu’est-ce qui t’a amenée à l’écriture et aux genres de l’imaginaire en particulier ?

Fran Basil : À quatre ans je voulais être astronaute-chanteuse. Du coup, je ne chante que dans ma salle de bain et mon cerveau pas du tout paramétré pour les mathématiques m’ont fait reconsidérer ce travail – et apparemment on peut pas chanter dans l’espace et être entendue. Blague à part, j’ai eu des phases où je voulais devenir interprète / traductrice et puis quand l’écriture s’est vraiment installée dans ma vie je me suis dit que c’était ça que je voulais faire. J’ai, en réalité, un peu renié le travail d’autrice parce que je ne pensais pas ça viable (l’est-ce vraiment de nos jours…), mais je n’arrive pas à faire semblant dans tout ce que j’ai pu faire d’autre. Donc me voilà !

Quant aux genres de l’Imaginaire eh bien… Si je réponds que mon enfance a été construite sur d’innombrables dessins-animés des 90s et que c’était littéralement impossible que je me plaise dans cette réalité, ça aide ? (rires) Je crois que certaines histoires ne sont possibles qu’avec une suspension d’incrédulité qui s’extraie du réel, et puis mon cerveau est câblé pour inventer des trucs improbables donc ça s’est imposé à moi. De toute façon, dès que je commence une histoire, il y a très vite un élément « imaginaire » qui s’y glisse.


Marc : Tu te définis avant tout comme autrice de SF à tendance Biopunk, mais ton premier texte publié est une nouvelle de Fantasy animalière, « Alba de Jais » dans l’anthologie Féro(ce)cités, publiée par Projets Sillex. Comment est-ce que tu perçois la Fantasy ? Est-ce qu’en écrire s’avère différent de la SF ? Pourquoi ?

Fran Basil :  Je consomme sans doute moins de Fantasy que de Science-Fiction ces dernières années, mais je pense que les deux genres sont complémentaires, voire alliés. J’ai peut-être un peu plus de mal avec la High Fantasy parce que je ne suis pas très manichéenne dans mes préférences d’écriture et de lecture, mais une des premières saga que j’ai lu c’était Les Chevaliers d’Émeraude d’Anne Robillard – j’ai d’ailleurs toujours un autographe de sa main qui me dit de ne jamais abandonner mes rêves. C’est un souvenir lointain et je me souviens bien plus de A Song of Ice and Fire de George R.R. Martin de ce côté là… Plus récemment, N.K. Jemisin a su frapper en plein cœur de ce que j’aime.

J’ai bien plus écrit de SF que de Fantasy, mais je peux parler en terme de construction et de ressenti…

D’un point de vue de construction, on va dire que mes œuvres se déroulent presque toutes dans le F.E.U. (Fran’s Extended Universe (rires), c’est mes bêta lecteurices qui disent ça, j’y suis pour rien). Et comme elles se déroulent toutes dans cet univers, j’ai bien dû y poser quelques bases. De ce fait, l’origine de mon monde SF est une sorte de Dark Fantasy « avec une dose de Weird ésotérique et botanique » (sic). Et là où on a des plantes dans la Fantasy, on a des médicaments dans la SF. C’est juste une histoire de logique interne et d’évolution. On a aussi des périodes sans rien de tout ça, des « siècles gris ». Dans l’écriture même, la SF me demande d’être très architecte, là où la Fantasy me laisse un peu plus d’instinct non plaqué sur des schémas que je fais moi-même. Ceci dit, ma Fantasy est toujours en format court et ma SF en format long, ça doit sans doute jouer aussi (pour l’instant)…


Marc : D’ailleurs, tu écris plutôt des textes longs, habituellement. Comment s’est passée la transition vers un format plus court ? Comment est-ce que tu perçois le genre de la nouvelle ? Est-ce que tu comptes en écrire d’autres ?

Fran Basil : Alba de Jais, l’Anonymographe est ma première nouvelle. Je pensais appliquer bêtement ma façon de faire des romans sauf qu’en fait… Je ne fonctionne pas du tout pareil pour les deux formats. Donc il a fallu que je comprenne que ma méthode très carrée pour faire du roman ne pouvait pas s’appliquer à la nouvelle. Il y a quelques bases bien sûr (Nicolas Marti se souviendra de ma proposition d’arbre généalogique sur trois générations lors de nos corrections, je pense !), mais j’ai dû revoir ma façon de bosser.

J’adore lire des nouvelles. J’ai un temps d’attention assez médiocre et je lis par impulsion. Le format nouvelle me permet de me canaliser et de continuer à lire quand je n’ai pas l’espace mental pour lire du format long. De toute façon, soit je lis du très long très lentement, soit je lis du très court tout aussi lentement, soit je dévore un format long en 48h sans manger ou me lever – zéro entre deux, enfin entre trois… Pour ce qui est d’écrire d’autres nouvelles, il y en a certaines qui dorment dans mes tiroirs et d’autres chez certains éditeurs. Pour le moment je veux retourner sur du format long, mais je ne m’interdis rien dans le futur ! : )


Marc : Comment t’es venue l’idée de ton récit ?

Fran Basil : Il faut savoir que j’aime les jeux de mots – qu’ils soient nuls ou non. Je voulais faire une histoire avec un corbeau parce que je pouvais jouer sur la polysémie du terme « corbeau » / « maître chanteur ». J’ai par la suite découvert ce qu’était un anonymographe et Alba était née !


Marc : Comment s’est déroulée la rédaction de la nouvelle ? As-tu des anecdotes à partager ?

Fran Basil : Côté anecdotes.. J’en ai deux. La première, c’est que nous avons écrit nos nouvelles ensemble avec Kevane (Saefiel sur les internets), qu’on s’est bêta lues respectivement et qu’on a corrigé et envoyé en même temps. La seconde anecdote c’est que… J’ai écrit la scène finale sur du Cascada. Oui oui. Je ne dévoile pas le titre, mais une fois la nouvelle terminée je pense que ça sera évident. (rires)


Marc : Comment s’est déroulé le processus éditorial autour du texte ?

Fran Basil : Nicolas Marti est quelqu’un de très à l’écoute de ses auteurices. J’étais en formation pendant mes corrections éditoriales, donc je devais jongler, mais tout s’est déroulé agréablement. J’ai, semble-t-il, deux phases pour les corrections : une lecture complète de toutes les annotations de l’éditeur, suivi d’un moment de réflexion personnelle, puis je m’y atèle. J’ai aussi découvert une grande absence d’incises à laquelle j’ai remédié heureusement. C’est mieux quand on a des dialogues entre quatre ou cinq personnages ! (rires gênés)


Marc : Pourquoi avoir mis en scène des Corvidés et des Lagomorphes ? Qu’est-ce qui t’intéresse particulièrement chez ces animaux ?

Fran Basil : Le format de la nouvelle ne me permettant pas de faire ce que je fais d’habitude, à savoir placer des petits détails et éléments qui nourrissent les personnages sur le long terme, il a fallu que je trouve un moyen d’avoir des animaux assez opposés pour me permettre de créer du conflit sans avoir à trop le préparer. L’avantage des animaux c’est qu’ils sont porteurs de stéréotypes que nous, humains, avons sur eux. Les corvidés sont des animaux monogames contrairement aux lapins, les premiers vivent dans les arbres et hauteurs, les seconds se terrent dans des… terriers, les corbeaux ont mauvaise réputation, les lapins sont tout doux fluffy et actifs sexuellement (rires)… La base était intéressante pour pouvoir y caler un personnage, Alba, corbelle albinos, qui emprunte aux deux espèces.


Marc : La narration de ta nouvelle progresse avec des ellipses. Pourquoi mobiliser des ellipses ?

Fran Basil : Parce que c’est pratique quand on a un nombre de signes limités ! (rires) Non, sans rire, c’est un dispositif que j’utilise souvent même hors de la nouvelle. J’ai longtemps passé du temps à décrire des choses qui ne me servent qu’au premier jet – généralement des pavés explicatifs imprévus – et la différence c’est que maintenant je sais quand je n’en ai pas besoin. Donc ça se transforme en ellipse et en addition de détails ailleurs. Bon, ce n’est pas parfait, pas toujours, donc parfois je rajoute au lieu d’ôter, mais c’est toujours plus simple pour moi que l’inverse.


Marc : « Alba de Jais » mobilise un récit cadre, celui d’une histoire du soir racontée par un parent à son enfant, ce qui te permet de mettre en place une histoire enchâssée. Pourquoi utiliser ce dispositif narratif ?

Fran Basil : Parce que j’adore me compliquer la vie sur un format court ! (rires) Sans doute aussi parce que j’aime l’ambiance que ça installe. Il y a un côté spectateur en plus. J’affectionne aussi le jeu entre différentes formes de récits et celui-ci en fait partie.


Marc : La narration enchâssée est donc coupée par des retours au récit cadre, mais aussi par des lettres anonymes qui accentuent les tensions déjà présentes entre Corvidés et Lagomorphes, au point que les sociétés que tu décris s’effondrent. Pourquoi décrire un conflit social de cette manière ?

Fran Basil : Je crois que j’ai un sens de l’ironie dramatique un peu cruel ou sale… Et qu’est-ce qui est plus drôle que de voir des sociétés qui s’effondrent juste pour un manque de communication qui passe par… des lettres qui sont un moyen de communication..? Sinon je dirais simplement que j’aime transposer un conflit interne de personnage à une plus grande échelle. Un peu comme un mouvement de l’intérieur vers l’extérieur ? Mais format ++ ?


Marc : On remarque d’ailleurs que cet effondrement (je ne rentre pas dans les détails) s’articule originellement autour d’idéaux justes, notamment celle de réformer les sociétés des Corvidés et des Lagomorphes. Est-ce que c’est pour montrer que l’enfer est pavé de bonnes intentions ?

Fran Basil : Je crois que l’Enfer n’en a rien à faire, en fait. : )


Marc : Les dialogues de ta nouvelle comportent beaucoup d’oralité. Pourquoi écrire tes dialogues de cette manière ?

Fran Basil : Je vais sans doute me faire taper sur les doigts mais… Je ne supporte pas les dialogues trop guindés quand certains personnages n’ont pas à être guindés. Ça va avec le personnage, j’aime les aspérités. Nier l’oralité de la langue c’est aussi un peu la condamner dans une forme figée. Et une langue figée, c’est une langue morte a priori. Donc, oui, j’ai toujours aimé l’oralité dans les dialogues, en roman comme en films. Je crois même qu’un dialogue trop propre me sort de ma suspension d’incrédulité, c’est dire…


Marc : Sur quels projets travailles-tu actuellement ?

Fran Basil : Je suis à cheval entre deux projets (une préparation de premier jet et une réécriture), mais je pense que d’ici à la sortie de cette interview, j’aurais amorcé cette réécriture qui attend quand même depuis octobre 2020.


Marc : J’ai pu lire la première nouvelle d’un fix-up qui se déroule dans un monde de Fantasy horrifique. Pourquoi revenir à la Fantasy ? Pourquoi utiliser le format du fix-up ?

Fran Basil : Comme je le disais plus haut, la Fantasy me permet d’être un peu moins rigide dans mon processus d’écriture. C’est plutôt un exutoire, en tout cas sur ce que tu as pu lire. J’ai écrit ces récits lors d’un moment pas très « glop » qui ne me laissait que le samedi pour poser des mots sur une page. Quant au format fix-up, je pense que les nouvelles peuvent se lire séparément aussi, mais ça faisait un petit bout de temps que j’avais envie de tenter d’écrire une sorte de « légende à épisodes » qui ne sont pas rédigés de la même « main narratrice » bien qu’elle porte le même personnage. Je ne sais pas si je suis très claire ! (rires) Bref, ça me permettait d’explorer ce côté « récits apocryphes hissés au rang de légende avec le même protagoniste mais avec des incohérences dues aux changements d’époques et d’écrivain ». Oui, tout ça entre guillemets.


Marc : Le personnage narrateur de cette nouvelle s’adresse à son lecteur pour jouer avec ses attentes et son ressenti. Pourquoi jouer avec ton lecteur de cette manière ?

Fran Basil : Je pense que pour le coup il y a deux lecteurs : celui auquel s’adresse la narratrice, qui serait un homme ayant trouvé son journal et cherchant à connaître les secrets de ses pouvoirs, mais aussi la·e lecteurice de notre monde. Peut-être que ça permet aux lecteurices de suivre les aventures de ladite narratrice tout autant que de s’imaginer un pauv’ gars qui tombe là-dessus et qui n’était pas prêt pour ce qu’il allait lire ? Mais de manière générale, j’adore jouer avec la personne qui pose les yeux sur le texte.


Marc : La voix de ton personnage narrateur crée d’ailleurs un décalage entre lui et les événements sordides qu’elle raconte, et ce dès son enfance sordide marquée par les agressions sexuelles, qu’elle relate avec une forme d’humour caustique. Pourquoi donner cette voix à ton personnage ? Par ailleurs, on remarque qu’elle subit énormément de violences, mais n’hésite pas à rendre coup pour coup dès qu’elle le peut. Est-ce qu’elle cherche à prendre sa revanche sur son monde ?

Fran Basil : Pour moi, lorsque cette narratrice pose son histoire sur le « papier » (je mets des guillemets, parce qu’il y a aussi de la peau (pas animale) qui traîne dans ce récit), elle est à un stade de son existence qui dépasse celle des mortels. Elle n’a aucune raison de cacher ou d’embellir ce qu’elle a subi, ce sont des faits. Le décalage provient peut-être de son côté un peu rétrospectif. Elle a sans doute un petit coté donneuse de leçon (rires), mais comme elle a dépassé un certain état de réalité… m’est avis qu’elle en a le droit.


Marc : Elle n’hésite pas non plus à se salir les mains au sens littéral, d’ailleurs. Cela donne à ta nouvelle une tonalité très brutale, grotesque et organique, ce qui peut la rapprocher du body horror. Est-ce que c’est un choix conscient ? Pourquoi mobiliser ce type de tonalité ?

Fran Basil : Ma première interaction avec le body horror a été assez tardive (si on parle d’un point de vue lecture). Peut-être que la lecture de Molly Southbourne de Tade Thompson m’a influencée, mais je ne pense pas que ça soit un choix conscient. Je voulais simplement me servir de l’horreur pour entraîner ma plume à des descriptions plus organiques. Je crois que la tonalité s’installe d’elle-même. Et c’est une tonalité qui sied bien à ma synesthésie – le texte se goûte, se touche, se sent et se pare de couleurs.


Marc : Cet aspect horrifique s’articule d’ailleurs à l’ésotérisme que tu dépeins dans les rites funéraires lors desquels les morts ont la bouche cousue, et dans les pouvoirs de ton personnage, qui dispose d’une affinité particulière avec les plantes. Est-ce que l’ésotérisme permet de mieux montrer la magie et l’horreur de celle-ci ?

Fran Basil : Je pense pas que la magie soit horrifique, par contre je pense que la perception humaine qu’on en a peut l’être. Je n’avais juste pas envie de rendre les règles de cette magie compréhensible. Déjà parce qu’on est plus dans la légende et que certains faits peuvent être tordus, mais aussi parce que je crois que l’esprit humain a des limites dans sa façon de rationaliser les choses. Si ça semble horrifique c’est peut-être juste qu’il nous manque les capacités cognitives pour comprendre – et ce n’est pas grave. Les meilleurs monstres dans l’horreur sont ceux qu’on ne voit pas.


Marc : Tu as récemment donné une conférence sur le Biopunk à Nice Fictions, dans laquelle tu expliques ne pas avoir eu conscience que tu en écrivais. Tu as donc fait du Biopunk sans en avoir l’air ?

Fran Basil : (Rires)

Eh bien, écoute, il semblerait ? Ce n’est que quand je me suis décidée à googler « genre littéraire modifications génétiques » que j’ai trouvé une réponse. Je ne l’avais jamais fait avant parce que je ne savais pas ce que j’écrivais. Pour moi j’étais sur un mix étrange entre de la fantasy et de la science et des combats… Bref c’était il y a dix ans. Et il s’en est passé des choses en dix ans ! Peut-être que si j’avais su avant de m’y mettre, j’aurais été découragée ? C’est tellement niche, j’aurais pu croire ne pas être à la hauteur d’un pan de la hard SF.


Marc : Lors de cette conférence, tu cites des références attendues du genre, comme Bruce Sterling, Paul Di Filippo, Nancy Kress, Rich Larson, mais aussi plus personnelles Pokémon, Animorphs et FullMetal Alchemist. Comment te positionnes-tu par rapport à toutes ces références ? Parmi ces auteurs, y en a-t-il que tu apprécies plus que d’autres ? Pourquoi Pokémon, Animorphs et FMA ?

Fran Basil : Pokémon parce que je n’ai simplement pas pu y couper en grandissant et que les cartouches GameBoy ont fait la moitié de mon vocabulaire en anglais ! Animorph ça a été une des premières séries de romans que j’ai lu en arrivant en France. Quant à FMA, j’ai découvert l’œuvre de Hiromu Arakawa vers mes 13 ans. Et ça a été une grosse patate monumentale dans ma tronche. Je pense que ça m’a appris le sacrifice, l’échange équivalent (aussi bien philosophique que plus scientifique) mais aussi à construire des personnages solides – et en un sens à cacher l’évident derrière du plus évident (oui oui). Si on s’attarde sur FullMetal Alchemist, on peut aisément remarquer qu’aucun personnage n’est laissé de côté. Même les pégus au quatrième plan ont des vies. Et pour la première fois, je croisais des personnages féminins traités avec force et respect. Et surtout une intrigue gigantesque dirigée avec maestria. Je pourrais en parler bien trop longtemps alors je cesse là. Pour revenir à Pokémon, mes personnages étaient à la base rattaché à l’univers de Pokémon. Mais comme chacun sait, les droits et le copyright étant ce qu’ils sont, il a bien fallu s’en éloigner. Sans aucun regret !

Rien n’égale FullMetal Alchemist dans mon cœur cependant.

Et un petit aparté : outre ces œuvres, j’ai toujours été fascinée par la génétique, et ce depuis que je sais lire. Un de mes premiers souvenirs de ce côté-là, c’est d’avoir lu à propos de Dolly, la première brebis clonée, ou encore de la redécouverte du cœlacanthe, un poisson qu’on pensait éteint depuis des millénaires et qu’on a retrouvé au large des côtes africaines au XXème siècle. En gros, il n’y a pas que les œuvres qui m’ont menée vers la Biopunk, mais aussi des découvertes scientifiques.


Marc : Tu affirmes aussi que ton Biopunk diffère de ce que tu as pu lire. Pourquoi ?

Fran Basil : Je n’ai pas encore vu de modifications génétiques mêlées à la société du spectacle et au divertissement, pas comme ça, pas plus que dans le cadre d’un roman choral et dans un univers qui n’est pas dérivé du nôtre. Après peut-être que je n’ai pas assez lu – lira-t-on jamais assez en une vie? –, mais dans ce que j’ai lu il me manque toujours un bout de quelque chose pour le rendre absolument dingue. Pas que mon univers soit dingue ou quoi, mais je ne trouve nulle part cette part de flexibilité et de spectacle qu’il me plaît d’écrire.


Marc : En quoi ce genre est-il important d’après toi ? Tu disais que le Biopunk permet de soulever des questions de bioéthique avant qu’elles ne se posent dans notre réalité, est-ce que tu peux préciser ? Est-ce que pour toi, le Biopunk peut nous éclairer sur l’usage et les limites des biotechnologies ?

Fran Basil : Avant la pandémie, j’avais assisté un petit colloque avec une société de post-humanistes à Montpellier (coucou Keot si tu passes par là !), et ils soulevaient le fait que notre progrès scientifique est rapide, mais que nos lois en rapport avec ledit progrès sont désuètes ou à peine mises en place alors que la compréhension de certains sujets est encore balbutiante. Parce que mine de rien, sans cadre, on ne sait pas toujours vers quel côté pousser certains pans de recherche. Et à l’inverse, avec un cadre trop restrictif, on tue aussi dans l’œuf certains progrès.

Je crois que la littérature nous permet parfois de nous projeter et de s’interroger. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’elle permet de prendre de l’avance, parce qu’elle ne peint toujours le réel avec exactitude, mais elle interroge. BonheurTM de Jean Baret, Gnomon ou encore 1984 (puisque qu’on aime déformer les propos de cette dernière œuvre depuis quelques temps) touchent toutes à des sujets très actuels, par des prismes différentes, certes. Il n’empêche que leur pertinence provient de leur capacité à interroger le lecteur. C’est pour ça, qu’à mon sens, le Biopunk va sans doute revenir et s’installer puisque nous sommes en plein dans les vaccins ARN, l’indexation de nos gènes et tout un tas de trucs en rapport avec des biotechnologies. Je veux dire, si on est capable de produire un roman de type « je suis amoureux du coronavirus qui a pris forme humaine », je pense qu’on peut s’interroger sur le reste aussi ! (rires)


Marc : Les « hypermédicaments » que tu décris dans ta trilogie modifient momentanément l’ADN de leurs utilisateurs pour leur donner des capacités surnaturelles. Pourquoi passer par des modifications génétiques temporaires ?

Fran Basil : Parce que je ne voulais absolument pas basculer dans le récit de super-héros. D’ailleurs l’utilisation de ces hypermédicaments est très contrôlée, des lois, voire la Constitution mondiale de l’univers, précisent qu’il est hors de question de les utiliser pour des motifs de vigilantisme. Certains ont essayé, évidemment, ça s’est mal terminé. Ceci dit, le fait de rendre les modifications temporaires me permet aussi de jouer sur l’hypocrisie : on veut une société eugénique, où le gène est roi et préservé, mais on peut se permettre de l’abîmer un p’tit peu histoire que les gens s’amusent à mater des combattants modifiés se foutre sur la gueule. Mais tout va bien, on sort pas de la loi, hein, non non, c’est pas définitif ! Ça sert plusieurs plans, en réalité.

Et aussi parce que c’est giga classe à imaginer, décrire et que le penchant gore est non négligeable.


Marc : Ces modifications sont notamment utilisées lors de combats d’arène spectaculaires qui rythment la vie sociale et permettent au système politique de donner « du pain et des jeux » à la population pour ne pas qu’elle se rende compte des aspects les plus sombres de son monde. Pourquoi décrire une société du spectacle ?

Fran Basil : Parce que j’aime la bagarre. (rires) Non, pas seulement pour ça, aussi parce que je considère qu’une société mondiale en paix depuis près de 700 ans (mais… sont-ce vraiment 700 ans ?) a besoin d’un exutoire pour être maîtrisée. Pourquoi on assiste à un combat de boxe ? A un match de MMA ?  Pourquoi on regarde des vidéos de gens qui s’explosent des boutons alors que ça nous dégoûte ? La société du spectacle, c’est un peu ça : regarder des gens qui s’explosent des boutons jusqu’au sang pour peu que ça soit pas les nôtres parce qu’on a quand même autre chose à faire, hein ? (rires)

Du pain, des jeux, à chaque faim/fin ses enjeux, hein ?


Marc : La plupart de tes récits ne comportent pas d’armes conventionnelles. Pourquoi ?

Fran Basil : … Je n’aime pas les armes. Je trouve qu’elles mettent une forme de distance dans le meurtre. Et comme il y a beaucoup de meurtres dans ce que j’écris, malgré le fait qu’il n’y a pas d’armes, il faut littéralement se salir les mains. Avec un ami écrivain, on a souvent coutume de dire qu’un flingue c’est pour le business, un couteau pour le personnel… Mais quand t’utilises ton propre corps et/ou tes mains pour tuer… Ça donne une autre dimension. Et puis, sans armes conventionnelles et avec des organismes résistants, il faut ruser pour tuer, il faut donc vraiment le vouloir.

Donc… peut-être une façon d’explorer les tréfonds de l’âme et d’une société « pacifiste » qui prend l’interdiction des armes très au sérieux ? : )

Et sur une note écolo, les armes des dernières guerres ont été « fondues » pour être réutilisée afin de bâtir une société pérenne. Si un jour je me penche sur la période qui précédé ce que j’ai déjà écrit, peut-être devrais-je réintroduire des armes. Mais dans une société axée sur les biotechnologies et les modifications, j’ai bon espoir que ça soit encore plus sale et gore que ce que j’écris maintenant… Peut-être.


Marc : Cette œuvre, comme la plupart de tes projets, est portée par un ensemble de personnages point de vue. Est-ce que tu affectionnes particulièrement les récits choraux ? Par ailleurs, chacun de tes personnages dispose d’une voix qui lui est propre. Comment fais-tu pour déterminer leur voix ? Est-ce que certaines d’entre elles sont plus faciles à retranscrire que d’autres ?

Fran Basil : Je ne sais pas écrire autrement qu’avec une polyphonie dominante. Qu’il s’agisse de trois personnages ou douze.

Pour ce qui est de la voix de mes personnages, je la trouve en les travaillant en amont. Longtemps. Comme je le disais dans une précédente question, je construis mes intrigues à partir de mes personnages et pour ça je dois d’abord… les construire. Pour déterminer la voix d’un personnage, j’ai quelques contraintes, notamment s’ils ont un accent ou s’ils ont été élevés dans telle ou telle région. J’essaie aussi de me focaliser sur leurs envies (ce qu’ils croient vouloir) et leurs besoins (ce dont ils ont réellement besoin pour avancer). Certain se satisfont de peu et d’autres ont des ambitions démesurées, certains sont affectés par leurs études et leur position dans la société, d’autres encore sont dans le rejet d’eux-mêmes et des autres… La voix se construit comme ça – tout comme la narration que je fais varier parce que, comme pour les dialogues, tout le monde n’a pas le même monologue intérieur. Et c’est en sachant tout ça que j’arrive aussi à imbriquer chaque personnage avec un autre, et un autre, et un autre, et encore un autre…

Ils sont donc tous liés – on dit parfois qu’on est à une, deux ou trois personnes de quelqu’un de célèbre. Quand j’ai bossé dans le cinéma, je me suis rendue compte que le monde était vraiment minuscule et que ça se vérifiait. Ça se vérifie encore avec le monde du livre, d’ailleurs. C’est donc quelque chose que j’essaie d’incorporer via la polyphonie parce que ça me permet aussi de rendre compte de l’histoire avec plein d’angles différents. Tout le monde ne vit pas l’intrigue de la même façon ? Ça permet aussi aux lecteurices de s’identifier avec un ou plusieurs personnages, mais aussi de subir une sorte d’ironie narrative – ce qui m’amuse beaucoup.

Ce qui m’amuse beaucoup moins, c’est quand je dois passer d’un psychiatre dépressif à un détective pile électrique, ou d’intrigues de politique souterraine à de la castagne. J’ai des moyens de basculer d’un personnage à l’autre, bien sûr, mais ça prend une énergie considérable. Le psychiatre est d’ailleurs sans doute celui qui me pose le plus de souci lors de l’écriture, parce qu’il est très ampoulé dans son langage et qu’il fait des phrases longues. De l’autre côté, écrire des combats où je dois compter les points du match, c’est autrement pesant aussi.  Certains personnages se cachent aussi derrière le vernis de la première impression et c’est toujours un jeu d’équilibriste de les dépeindre pour amener la personne qui lit là où je veux. Ça permet aussi aux lecteurices de s’identifier avec un ou plusieurs personnages, mais aussi de subir une sorte d’ironie narrative – ce qui m’amuse beaucoup.


Marc : Sur ton blog, tu as écrit un article qui évoque l’affaire d’un désormais ancien éditeur de Bragelonne, auteur de harcèlement sexuel, en interrogeant la culpabilité et la responsabilité de chacun des acteurs du milieu de la SFFF et de la chaîne du livre de manière plus générale. Pourquoi avoir rédigé cet article sous forme de questionnement ? Est-ce que tu penses que ces questions peuvent nous aider collectivement à éradiquer ce type de comportement ?

Fran Basil : Je ne pense pas que ces questions puissent éradiquer quoi que ce soit. Et si j’ai choisi de le faire sous forme de questionnaire, c’est parce que je ne suis et ne serais jamais apte à « changer le monde ». Toutefois, poser une question c’est plus logique que d’assener des vérités qui viendraient, en réalité, que des biais cognitifs inconscients que je traîne, comme chacun de nous. Et puis il y a aussi le sujet de la réactance : quand un surplus de culpabilité, réelle ou imposée, nous fait rejeter ce qui pourrait nous faire changer. De là dire que tout le monde est apte au changement… Je n’écris ni ne crois aux utopies, hélas.

Par contre, j’aimerais croire que les générations qui vont nous succéder, pas celle qui suit, ni celle d’après, mais celle d’encore plus loin pourra bénéficier des débuts de mouvements qui se préparent et se lancent aujourd’hui et depuis quelques années.


Marc : Sur une tonalité plus légère, tes articles de blog traitent habituellement de psychologie de personnages issus des littératures de l’imaginaire, comme path du Goût de l’immortalité de Catherine Dufour ou Molly des Meurtres de Molly Southbourne de Tade Thompson. Pourquoi t’intéresser à la psychologie de personnages fictifs ?

Fran Basil : J’ai l’impression que ça les rend plus tangible, en un sens ? Parfois on lit une œuvre, on se sent transporté et on ne se l’explique pas forcément. Moi, j’ai besoin de savoir pourquoi je le suis – ou pas. J’ai besoin de comprendre comment fonctionnent les gens, mais aussi les personnages. C’est un exercice très intéressant pour moi, en fait. Path était particulièrement agréable à décortiquer parce qu’il porte à merveille le concept du « monstre », dans toute sa glorieuse et complète étymologie. La difficulté avec Molly c’est que « tout est dit » mais qu’en réalité ce qui est dit cache autre chose, parfois. J’ai d’ailleurs hâte de voir si mes théories s’avèrent exactes avec le dernier tome.

De manière générale, mes histoires préférées impliquent des personnages qui ont de la substance. Peut-être aussi pour ça que mes récits comportent beaucoup d’intériorité.


Marc : Actuellement, tu travailles sur un projet vis-à-vis duquel tu as déclaré que ce serait ton Cloud Atlas. Est-ce que tu peux en parler ?

Fran Basil : Oof. Je peux essayer ? (rires) C’est dur de parler d’un projet qui n’a pas encore connu sa forme la plus propre avant soumission. C’est un projet qui comporte une forme de secte religieuse qui devient science. Mais il y a aussi beaucoup de superstition. Le tout porté par deux âmes et demi (j’insiste sur le demi) dont l’existence est basée sur des concepts de physique quantique. Et leurs actions entraînent la formation d’un paradoxe (le fameux « et demi ») qui les force à revivre la même histoire à travers différentes époques. J’ai envie de dire que c’est une sorte de SF cosmiciste, mais… C’est aussi le récit d’origine (origin story ?) d’une des histoires adorées par un des personnages présent dans une œuvre dont on a parlé précédemment. C’est donc… Un récit dans un récit éclaté en 5 temporalités. Parce que la réalité du temps m’obsède et que depuis que j’ai lu Carlo Rovelli et vu/lu Premier Contact mon cerveau est ouvert à d’autres perceptions.

Promis, ça se tient. J’en reparle quand j’ai fini, d’accord ? (rires)


Marc : Comme tous tes autres romans, mais peut-être plus encore, ce projet est marqué par une polyphonie forte, combinée à une pluralité temporelle, puisque l’on suit différents personnages, situés à différentes époques de l’univers de ton roman. Pourquoi avoir choisi cette polyphonie ? Est-ce que tu voulais aller plus loin que tes projets précédents ? Peux-tu nous en dire plus sur chacune de ces époques ?

Fran Basil : Pour la polyphonie, ma réponse est la même que plus haut : c’est à mon sens la meilleure manière que j’ai de capturer l’histoire. Côté époques explorées, je vais les mêler à des genres littéraires : on a une fantasy antique, une fantasy un peu plus classique médiévale mais sans armes, un passage par le Weird West toujours sans armes mais avec des fouets et des villes-canyons, du roman noir sous forme de dialogue et enfin une sorte d’époque futuriste axée sur la culture et la création d’âmes artificielles. L’histoire ne se déroule pas nécessairement dans l’ordre, parce que ça impliquerait que le temps possède un ordre universel – il possède, à mon sens, plutôt des directions culturelles qui sont elles-mêmes limitées par notre perception humaine.

Donc oui, je voulais aller plus loin. Ce roman, je l’ai écrit pour une raison bien précise et je compte bien le mener au bout – ce qui est ironique pour un récit sur le temps. (rires)


Marc : Pourquoi avoir ancré ton récit au sein de différentes époques ? Pourquoi avoir choisi ces époques et ce type de décor spécifiquement ? Est-ce que tes choix ont influencé ta manière d’écrire ?

Fran Basil : Je voulais explorer les différents changements que peut subir une sorte de religion primordiale qui commence comme une secte qui s’oppose à une autre religion. Avec le temps, on arrive à rationaliser certaines éléments religieux, au passage on peut donc traiter du blasphème.

J’imagine le fil rouge de cette histoire être comme une aiguille qui perce plusieurs strates de tissus, qui les lie, sans pour autant resserrer les coutures, mais que ça tienne. Permettre une lecture linéaire mais qui ne raconte pas quelque chose de linéaire, juste quelque chose qui est.


Marc : Ton roman adopte plusieurs formes narratives et stylistiques, puisque la quatrième partie n’est retranscrite que sous forme de dialogues, par exemple. Pourquoi avoir adopté cette pluralité des formes ? Est-ce que tu dirais que tu donnes dans le roman expérimental ?

Fran Basil : Je ne sais pas si on part un jour en se disant « et si je faisais du roman expérimental ! » (rires), ça sera plutôt aux lecteurs, blogueurs et critiques de me le dire après avoir fini ce truc ! Pour la pluralité des formes… C’est par défi. Envers moi-même. Je me sentais stagner, et je me suis mis des limites, parce que c’est là où j’arrive à vraiment m’amuser. Plus c’est restrictif, plus j’arrive à jouer avec les règles.

Parmi les contraintes auto-imposées dans cette histoire, en voici une  : un récit à la première personne du singulier sans aucune mention du mot « je »…


Marc : Il paraît que tu vas intégrer une Intelligence Émotionnelle à ton roman. Quelle est la différence avec une Intelligence Artificielle ?

Fran Basil : Elle est non seulement calquée sur les émotions et les besoins des individus auxquels elle est intégrée, mais aussi reliée à eux spirituellement. La différence, c’est déjà le nom et aussi la manière dont elle a été créée. L’IA implique du code informatique, l’IE implique… du traficotage d’âme rendu possible grâce à la science et à quelques « ersatz d’organisme primordial ». Un peu comme de l’ADN ?

On flirte avec le biopunk en réalité, sauf que je traite de l’âme et non de l’ADN. Tout ça parce que ce récit se situe lui-même dans l’univers d’un monde biopunk. Et qu’il est aussi soumis à la censure artistique de ce dernier. Ce n’est pas évoqué dans le récit, ce sont plutôt des consignes pour moi – et un easter egg pour mes lecteurs les plus assidus. (rires)


Marc : D’ailleurs, puisque ton roman se déroule à plusieurs époques différentes et qu’il comprend à la fois de la magie et des (bio)technologies, il est génériquement difficile à classer. Dans quelles catégories classes-tu ton roman ? Fantasy ? Science-Fiction ? Science-Fantasy ? Echostemporelpunk ?

Fran Basil : Soulpunk ? (rires) Je ne sais pas. Pour moi c’est de la SF. Le cadre autour du cadre est SF en tout cas. Peut-être que quelqu’un trouvera un nom à lui mettre sur le dos (j’assume le jeu de mot).


Marc : En parallèle de l’écriture, tu dessines des personnages de tes romans. Pourquoi est-ce que tu dessines ? Est-ce que ça te permet de mieux te représenter tes personnages et ton univers ? Comment le dessin interagit-il avec ton écriture ?

Fran Basil : J’ai dessiné avant d’écrire, mais je pense que je suis moins douée en dessin qu’en écriture… Paradoxalement, je peins mieux avec les mots. Mais le dessin me permet de ressentir clairement mes personnages lors de leur conception. D’ailleurs, mes carnets de recherches comportent toujours des petits sketchs, plus ou moins aboutis, de mes personnages ou de moments clefs. Les deux vont ensemble, ça me permet aussi de poser mon cerveau et de laisser les traits décider pour moi de ce que je veux explorer.

C’est comme faire la vaisselle, en fait ! Oui parce que faire la vaisselle me permet de trier des informations concernant mes histoires. Je crois qu’Agatha Christie avait la même technique. Il m’arrive parfois de me laisser un peu de vaisselle avant d’écrire un gros chapitre, bizarrement ça marche toujours mieux ! (rires) Le dessin, tout comme le nail art, la peinture ou encore les longues ballades dans les petites ruelles de Montpellier ont le rôle de catalyseur pour l’écriture.

Je rêve de pouvoir dessiner des paysages aussi, mais apparemment mon cerveau et mes mains ne sont pas connectés à ce niveau-là.

J’espère que mes romans sont de meilleurs tableaux !


Marc : Cette interview touche à sa fin. Est-ce que tu aurais des choses à rajouter ou un dernier mot à dire ?

Fran Basil : Plusieurs petits mots. Déjà, merci à toi pour cette interview et pour toutes nos discussions ! Je pense que mes productions ne seraient pas ce qu’elles sont sans ton influence notable !

Et enfin… J’espère que les gens s’intéresseront autant au Biopunk qu’au New Weird à l’avenir. : )

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