Zoo City de Lauren Beukes

Salut à toi, cher lecteur ! As-tu déjà lu de la SF sud-africaine ? Veux-tu que je te la fasse découvrir ? Dans ce cas, laisse moi te parler de

Zoo City, de Lauren Beukes

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Introduction :

 

Lauren Beukes est une auteure sud-africaine née en 1976. Elle écrit majoritairement de la science-fiction et des thrillers teintés d’éléments fantastiques. Elle a obtenu le prix British Fantasy en 2014 pour Les Lumineuses, et le prix Arthur C. Clarke en 2011 pour Zoo City, le roman auquel je vais m’intéresser aujourd’hui (à noter que le prix Arthur C. Clarke a également été obtenu par China Miéville, un auteur britannique dont je vous ai déjà parlé deux fois, ici et ici, et dont je vous conseille vivement la lecture). Zoo City est paru en France en 2011 dans la défunte collection Eclipse, avant de reparaître en 2013 aux Presses de la Cité, puis en poche chez Pocket en 2016.

Sans plus attendre, voici la quatrième de couverture du roman :

« Ancienne journaliste et ex-junkie, Zinzi habite Zoo City, un quartier de Johannesburg peuplé de criminels obligés de vivre avec un animal à leur charge. Si l’animal meurt, son propriétaire aussi.

« Animalée » après la mort de son frère dont elle se sent responsable, Zinzi est affublée d’un paresseux symbiotique qui a élu domicile sur son dos. Elle survit grâce à des arnaques Internet et à son talent pour retrouver les choses perdues – mais également les personnes disparues, une activité fort lucrative qu’elle déteste pourtant.

Lorsqu’un producteur célèbre lui demande de rechercher une pop star dont on est sans nouvelles, Zinzi, à cours d’argent, accepte cette mission à contrecœur. Elle espère cependant tenir là son billet de sortie de Zoo City. Au lieu de cela, elle s’enfonce plus encore dans les bas-fonds du ghetto… »

Vous l’aurez compris, Zoo City est un roman sombre, qui ne vous laissera pas indifférent. Et c’est précisément ce que je vais vous montrer dans mon analyse, que vous pouvez lire sans crainte d’être spoilés. Je ne parle volontairement pas beaucoup de l’intrigue, car le récit étant de nature à aller de rebondissements en rebondissements avec un certain nombre d’effets de chute, vous parler de l’intrigue vous gâcherait le plaisir de lecture de Zoo City, et ce n’est clairement pas mon objectif.

L’Analyse :

 

Un roman sombre qui n’épargne pas le lecteur :

Zoo City est un roman très sombre, et cela se voit dès que l’on observe le décor dans lequel le récit est ancré. En effet, « Zoo City » est une sorte de vaste zone de non-droit où la police ne s’aventure plus et où des milices privées se partagent le territoire. Des gangs sont également présents et se battent. On peut notamment le voir dans le chapitre 28, où un Animalé avec un Ours affronte un gang. La zone de « Zoo City » est donc sujette à un déluge de violence et de criminalité, avec des vols, des viols, des escroqueries, des meurtres, des rituels vaudous et de la prostitution (on entend parler au moins une fois de chacun de ces aspects de la ville dans le roman). Le setting est donc sombre et violent, et aucun détail ne nous est épargné.

Le décor sud-africain est également très bien planté grâce à des mots de vocabulaire et des expressions fréquemment employés par les personnages, tels que « shavi » ou « muti », par exemple. Les quelques références à l’Apartheid renforcent également ce décor (on peut même établir un parallèle assez facilement entre les Animalés et les Noirs opprimés par l’Apartheid).

La narration nous est faite par Zinzi, au présent et à la première personne (une particularité que j’ai déjà pu voir dans Un éclat de givre d’Estelle Faye, dont j’ai parlé ici), ce qui créé une entre le personnage et nous un sentiment de complicité, parce que le ressenti de Zinzi est extrêmement vif, parce qu’on ne rate rien de ce qu’elle nous raconte. De plus, le fait que Zinzi soit une Animalée qui vit dans Zoo City renforce l’empathie qu’on a pour le personnage. Empathie qui se trouve encore renforcée lorsqu’on voit qu’elle est malmenée par un grand nombre de personnages du roman, que ce soit physiquement ou moralement, notamment « Vuyo » », « Marabout et Maltais » ou encore « Giovanni ». Zinzi est aussi un personnage assez sombre, ce qu’on peut percevoir lorsqu’elle parle de son passé, de son « AV » ou « Ancienne Vie » de « junkie » qui a mené à la perte de son frère. J’ajoute également que le roman contient des scènes assez gore et macabres (notamment à la fin) mais qu’on peut retrouver un peu partout dans le récit, parce que Zinzi dispose de très peu de moments de répit dans son enquête pour retrouver Songweza, la chanteuse qu’elle doit rechercher. La violence verbale est également assez présente à travers certains dialogues musclés, que je ne vous dévoilerai pas pour ne pas vous gâcher le plaisir de lecture, mais soyez prévenus, Zoo City est parfois visuellement et verbalement très dur avec son héroïne.

L’univers du roman, en plus d’être sombre, présente également beaucoup de détails qui donnent des précisions sur les Animalés , ou « zoos », à travers des chapitres qui font office d’interlude (le 4, 8,10, 15, 17, 19 et 35) entre les chapitres narratifs qui se déroulent du point de vue de Zinzi. Ces chapitres se présent sous la forme de documents divers et variés avec une présentation typographique propre à chaque type de documents (extraits de livres inventés, de documentaires, de commentaires de films, de journaux…) qui mettent en lumière des informations sur les Animalés. Ces informations nous permettent de comprendre ce que sont les Animalés, la manière dont ils vivent et comment la société les perçoit, ce qui permet au lecteur d’avoir de l’empathie pour eux, même si ce sont des criminels. En effet, on voit que certains d’entre eux, malgré leur statut de criminels, vivent des situations très difficiles, notamment ceux (et ils sont une grande majorité) qui vivent en prison. De plus, le fait que le roman n’explicite jamais réellement les crimes commis par une grande partie d’entre eux. Ces chapitres intermédiaires nous permettent également d’en savoir plus sur le lien qui unit les Animalés et leurs animaux, avec les dons qu’ils permettent d’obtenir (je pense notamment au « Papillon » qui permet à son possesseur de voyager en rêve), ainsi que le « Contre-courant » qui vient tuer un Animalé lorsque son Animal meurt. L’intérêt de ces chapitres intermédiaires est qu’ils nous montrent les conditions de vie des Animalés sans jamais vraiment dévoiler au lecteur le processus qui fait qu’une personne criminelle devient Animalée, tout en donnant tout de même quelques pistes.

Enfin, je terminerai par souligner l’importance des animaux des « zoos » dans le récit. L’auteure fait quasiment d’eux des personnages à part entière, en mettant des majuscules à leurs noms (« Paresseux », « Ours », « Mangouste »…) et en les rendant actifs dans la narration. Ainsi, Paresseux conseille Zinzi, il la défend, la guide, et cela rend les passages où il est maltraité par les ennemis de la jeune femme assez pathétiques, tout comme les passages ou d’autres animaux d’Animalés sont violentés. En ce sens, certaines scènes du roman sont particulièrement violentes.

Le mot de la fin :

 

Zoo City est un roman trash, violent, teinté d’un humour parfois très noir. Lauren Beukes malmène son personnage principal dans un récit et un univers sombres, mais très prenants. Il m’a personnellement beaucoup plu, et j’espère vous avoir donné envie de le lire ! Je vais probablement bientôt lire Moxyland de la même auteure, car il a l’air très intéressant (et puis, la plume de Lauren Beukes m’a beaucoup plu) !

4 commentaires sur “Zoo City de Lauren Beukes

  1. ALors, oui tu donnes vraiment envie de le lire. Le seul point qui me chagrine, c’est l’aspect trash. Je ne vois pas exactement ce que tu veux dire, mais si c’est glauque et malsain, ce n’est pas des zones qui me plaisent énormément.

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